Comprendre la douleur !

Bien plus qu’une simple sensation désagréable, la douleur indispose de nombreuses personnes, mais elle est néanmoins un mal nécessaire. Véritable système d’alarme, elle nous protège en nous informant de blessures ou de lésions potentielles. D’après l’ISAP (International Association for the Study of Pain), « La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en termes d’une lésion. »

Différents types de récepteurs sont présents dans le corps pour recevoir les informations de l’extérieur (récepteurs de température, de pression, d’étirements…) Ces récepteurs envoient un message au cerveau (influx afférent sensoriel) et ce dernier réagit via un influx efférent moteur qui provoquera un mouvement réflexe de retrait (mouvement rapide et involontaire, comme lorsqu’on retire la main du feu) ou d’un changement de position du corps.

Les causes de la douleur :

Elle peut être provoquée par un traumatisme (coup direct, entorse, plaie, brûlure, choc), une maladie ou encore une irritation d’un nerf. Suite à ce trauma, le corps va se placer en mécanisme de protection afin de ne pas aggraver la lésion et de pouvoir débuter le processus de guérison. Le corps humain possède la capacité de s’auto-guérir. Pour y parvenir, il utilisera les agents cellulaires du système immunitaire pour nettoyer et désinfecter la région affectée.

Par exemple, la douleur intense au bas du dos, ressentie suite à un faux mouvement est utile à plusieurs niveaux. Premièrement, elle nous permet de se rendre compte qu’une problématique est apparue. Cette douleur engendrera un spasme de protection des tissus mous (muscles, tendons, ligaments, fascias, peau) avoisinants la blessure et parfois de l’œdème (enflure) dans l’articulation. Ce mécanisme de protection est engendré par l’inflammation (nous en reparlerons dans une autre chronique) a pour objectif de restreindre nos activités, de limiter nos mouvements et de nous amener à prendre du repos afin que nous puissions récupérer. L’arrêt de l’activité ou du mouvement provoquant la douleur est aussi un gage de sécurité puisqu’il permet de nous empêcher d’aggraver la problématique.

Le processus inflammatoire initial peut être présent jusqu’à 72h tout dépendant de la gravité de la blessure.

La perception de l’intensité de la douleur est propre à chacun et varie en fonction de la personnalité, de la culture, de l’état d’esprit, du niveau de stress et de bien-être personnel.

En sachant que l’inflammation est nécessaire pour démarrer le processus de guérison, nous pouvons nous demander si notre quête pour l’éliminer rapidement est idéale.

Notre première réaction est d’essayer de bloquer la sensation de douleur en prenant des relaxants musculaires, des anti-inflammatoires et en appliquant de la glace.

Il est impératif de s’assurer que nous n’essayons pas simplement de masquer la sensation douloureuse, le signal d’alarme pour simplement continuer à réaliser nos activités, notre sport ou les gestes répétitifs qui causent notre problème. À notre avis, le contrôle de la douleur devrait être avant tout dans un but de confort en attendant de déterminer et de régler la cause initiale du problème et non de mettre un pansement sur une plaie pour continuer de bouger sans prendre le temps récupérer.

Le spasme protecteur engendré par le traumatisme perdurera tant et aussi longtemps que la douleur sera présente. Par exemple, si la douleur est présente pour deux à trois semaines, le mécanisme de protection durera de deux à trois semaines.

Lorsque le mécanisme protecteur est présent pour une longue période, le système nerveux s’adapte en modifiant la programmation des tissus mous. Ainsi, les tissus n’arrivent plus à retrouver toutes leur souplesse puisqu’ils auront été reprogrammés pour fonctionner sur une longueur plus courte. Si les fibres sont plus courtes, nous augmentons le risque d’être prisonnier du cercle vicieux de la douleur chronique.

Par exemple, si les muscles qui s’attachent à l’épaule sont plus courts parce que leurs fibres ont été rétractées, les chances de s’irriter davantage augmentent puisque les risques d’accrochage seront eux aussi augmentés. De plus, le système nerveux devient dans un état dit « neuro-facilité » ce qui veut dire qu’un facteur irritant minime peut engendrer une réaction de protection importante. Comme si le système nerveux devenait hypersensible et hyper réactif.

 

Éliane Bousquet

Praticienne en ostéopathie, massothérapeute sportif et directrice du Centre Kinesis

et

Yanic Szoghy

Kinésithérapeute sportif et Directeur du Centre Kinesis